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par Gilles ARMAND 5 mai 2020
Le concept d'adaptation positive malgré l'adversité existe depuis toujours. Le terme « résilient » est apparu aux alentours de 1620 dans la langue anglaise, Il signifiait : « L'acte de rebondir » (latin resilire qui signifie « rebondir »). La plupart des définitions scientifiques au cours des dernières décennies, met l'accent sur la capacité d'adaptation réussie face aux perturbations, au stress ou à l'adversité. Nous percevons la résilience comme une capacité ou un processus, et non comme un résultat. C'est donc une forme d'adaptabilité plutôt que de stabilité. La résilience humaine est un concept métaphorique tiré du domaine de la physique. Dans les sciences fondamentales, la résilience exprime la capacité d'un matériau de revenir à la stabilité après une déformation donnée. Rapportée à l’être humain, la résilience est considérée comme la capacité à récupérer et « revenir » d'un traumatisme psychologique. Mais qu’est-ce qu’un « traumatisme » ? (cf le Larousse). Définition : Ensemble des lésions locales intéressant les tissus et les organes provoquées par un agent extérieur ; troubles généraux qui en résultent. (Abréviation : trauma.) Action violente provoquant ces lésions locales. Expression : Traumatisme psychique, ensemble des troubles psychiques ou psychosomatiques provoqués accidentellement par un agent extérieur au sujet. Donc, on entend par traumatisme une atteinte profonde, comme par exemple une personne qui a pu côtoyer la mort ou être agressée par la vie. Selon Boris Cyrulnik, environ une personne sur deux subit un traumatisme au cours de son existence, qu’il s’agisse d’un inceste, d’un viol, de la perte précoce d’un être cher, d’une maladie grave ou d’une guerre. Après un traumatisme, dont la gravité est ressentie différemment selon les individus, il y a deux attitudes : · on rumine, seul dans son coin, et on accroît l'impact de cet accident, l’empêchant de s'évacuer, car le souvenir se cristallise dans le cerveau. · La deuxième possibilité est d’en parler ou de le sublimer, en le mettant en scène. Cette capacité adaptative impacte positivement le reste de la vie et permet de ne plus se soumettre à l'impact que peut avoir un traumatisme sur notre propre fonctionnement, en atténuant la douleur psychique. C’est le principe de résilience . Dans son livre « Un merveilleux malheur », que je vous conseille fortement, Boris Cyrulnik, toujours lui, explique la capacité qu'ont certains enfants à triompher des différents traumatismes qu'ils ont subis : deuil précoce, abandon, maltraitance, violence sexuelle, guerre, etc... Et à partir de ce moment-là, certains enfants mettent en place des moyens de défense internes tels le clivage, la rêverie, l'intellectualisation, l'abstraction, l'humour. Quelles que soient les méthodes mises en place pour s’en sortir, il est primordial d’avoir une base « humaine » autour de soi : famille d'accueil, éducateur, professeur d’école… La résilience peut s'expliquer de différentes manières par différentes personnes. Voici quelques exemples de définition, que je qualifierai plutôt de sens, que j’ai glanés sur le web : · « C’est un processus adaptatif grâce auquel on revient au fonctionnement qu'on avait avant un stress ou un événement dramatique. » · « La résilience permet aux gens de s’adapter et d’utiliser toutes les ressources possibles, dans n'importe quelle situation, y compris une catastrophe. » · « La résilience est votre capacité à gérer la situation qui affecte le fonctionnement normal de votre vie et qui vous permet de continuer à avancer. Pas nécessairement exactement de la même manière que vous aviez avant l'événement, mais qui vous permet de continuer à fonctionner et d’exister de la manière qui vous convient ». · « Ma définition de la résilience n'est pas spécialement que les choses retrouvent leur état d'origine, non. La définition de la résilience c’est l'adaptation à la nouvelle ‘normalité’ ». · Pour Connor et Davidson : « une mesure de la capacité d'adaptation au stress. » · Pour Fran Norris : « La résilience est un processus reliant un ensemble de capacités d'adaptation à une trajectoire positive de fonctionnement après une perturbation. » Il y a bien évidemment en premier lieu, la résilience de l’Individu. Par attachement, nous aurons donc par la suite la résilience de population, la résilience communautaire. Résilience…ce mot mis à toutes les « sauces », rattaché à beaucoup d’évènements et utilisé parfois à tort et à travers. Il me semble que le mot « résilience » serve dans un jargon de « communication » et/ou « mot à la mode » et, de fait, s’éloigne un peu de sa définition originelle. Exemple. Les évènements actuels ont poussé le gouvernement français à déclencher « L’opération Résilience ». Voici de quoi il s’agit : « Lancée le 25 mars 2020, l’opération « Résilience » constitue la contribution des armées à l’engagement interministériel contre la propagation du Covid-19. Elle est centrée sur l’aide et le soutien aux populations ainsi que sur l’appui aux services publics pour faire face à cette épidémie, en métropole et outre-mer, dans les domaines de la santé, de la logistique et de la protection. Les armées s’engagent dans l’ensemble des secteurs où elles peuvent apporter un soutien aux autorités civiles, en adaptant leurs actions aux contextes locaux et dans le cadre d’un dialogue avec les autorités de l’Etat. » Bien que la population militaire soit par définition une population résiliente (merci à elles/eux de nous protéger), peut-on malgré tout rapprocher le nom donné à cette opération à celle d’une personne victime/témoin d’un meurtre, d’un viol ? Qu’en pensez-vous ? Quelle est votre interprétation ? Et vous personnellement, avez-vous vécu un « trauma » ? avez-vous lancé votre propre processus de résilience ? Amitiés. Gilles ARMAND (A suivre…)
par Gilles Armand 27 avril 2020
A la question : « Avez-vous déjà vécu une catastrophe ? En avez-vous déjà vu une à la télévision ? » vous risquez fort de me répondre oui. Dans un 1er temps parce qu’avec la puissance des médias d’aujourd’hui, vos connaissances sont suffisantes sur des thèmes aussi variés que les tremblements de terre , les ouragans , les tsunamis ou autres volcans en activité ou qui se réveillent. Ces catastrophes, naturelles ou non (souvenez-vous de Tchernobyl !) détruisent les infrastructures, perturbent l’approvisionnement en électricité, en eau. Des inondations ou des incendies sont parfois la suite malheureuse de ces évènements. On a même donné des noms à ces catastrophes : souvenez-vous des terribles images des ravages causés par l’ouragan Katrina (entre nous, je plains les femmes qui s’appelaient Katrina à l’époque…). Il y a même des catastrophes causées volontairement par les Hommes. On appelle ça du terrorisme (souvenez-vous du Bataclan !). Tout cela, provoque la destruction de nos habitations, nos routes, nos hôpitaux sensés nous réparer. Tout cela blesse les gens et les rend sans abri. Toutes ces catastrophes se produisent de façon inattendue en créant de la confusion et du chaos. Alors pourquoi je vous raconte tout cela ? Parce qu’actuellement vous ETES dans une catastrophe. Les spécialistes lui ont donné un nom : COVID-19. Peu importe, pour l’instant, son origine, les erreurs humaines qui l’ont lâché dans la nature, ses moyens de transmission, les traitements pour la faire disparaitre. Vos conditions de travail, si vous avez toujours un travail, sont impactées, vos institutions sont à l’arrêt, votre santé est en danger, l’éducation de vos enfants est bouleversée, vos déplacements surveillés , votre liberté est limitée. Mais là, aujourd’hui, maintenant, tout de suite, le plus important c’est VOUS. VOUS et votre capacité à réagir, à répondre efficacement à l’agression, à récupérer et à assurer une certaine continuité. Là est la « résilience ». Je vous décrirai très prochainement ce qu’est la « résilience » et les moyens de la mettre en place. A suivre…
résilience
par Gilles Armand 16 avril 2020
Nous sommes, à cause de l'actualité, en pleine période de bouleversements et de traumatismes. Qu'ils soient professionnels, sociaux et, bien évidemment/malheureusement humains. Ces traumatismes, nous les prenons en pleine figure (au propre comme au figuré), en plein cœur, en pleine conscience. Nos valeurs sont transgressées, chamboulées. Nous (femmes/hommes, communautés, particulièrement en France) n'étions pas préparés à tous ces fracas qui nous entourent et nous impactent. Et en nos qualités d'êtres humains, il va bien falloir nous "retaper", nous "reconstruire". Nous , femmes et hommes. Nous pouvons/devons même nous y mettre dès aujourd'hui. Et le texte ci-dessous est une bonne entrée en matière sur la démarche à suivre Face aux traumatismes, certains s’en tirent mieux que d’autres. Ils vivent, rient, aiment, travaillent, créent, alors que les épreuves qu’ils ont traversées auraient logiquement dû les terrasser. Par quel miracle ? Cette énigme s’appelle la « résilience ». Les recherches en ce domaine ont débuté dans les années 90, sous l’influence de psychiatres américains spécialistes de la petite enfance, tels Emmy Warner ou John Bowlby. En France, Boris Cyrulnik a été le premier à s’y atteler. Dans son essai Un merveilleux malheur (Odile Jacob), il s’interrogeait sur les processus de réparation de soi inventés par les rescapés de l’horreur. Dans Les Vilains Petits Canards (Odile Jacob), il montre comment ces processus se mettent en place dès les premiers jours de la vie et permettent de se reconstruire après la blessure...(lire la suite sur le lien ci-dessous)

La Résilience ou l’Art de la Continuité

Gilles Armand • 28 mai 2020
Il y a 2 choses qui nous turlupinent, nous les êtres humains :

· L’incertitude

· Et le contrôle.

Parce que nous aimons avoir le contrôle sur l’incertitude qui nous attend demain.

D’où, peut-être, cette attirance pour les prédictions.

Mais si ce contrôle et cette incertitude sont si importants pour nous, peut-on les gérer ? Et si oui, comment les gérer ?

Grâce à un concept que je vais nommer les « Continuités ».

Elles sont au nombre de quatre.

1. Continuité cognitive : 

Elle nous aide à comprendre, à donner un sens, apprendre de l'expérience, de la vie, de notre vie, toutes les règles auxquelles nous obéissons, toutes les routines quotidiennes que nous utilisons.

Quand nous avons cette continuité cognitive, nous sentons que nous pouvons prévoir les choses et cela réduit notre incertitude.

Un exemple très basique et simple : vous êtes en voiture, au feu rouge. Le feu passe au vert. Vous passez.

Quand le feu est au vert, vous contrôlez « l’autre » via le feu rouge qui est devant ses yeux et vous avez la certitude que vous pouvez passer tranquillement (oui, je sais, il y a parfois des accidents… 😊)

2. Continuité de rôle :

Ce sont les rôles que nous jouons tout au long de la vie.

Nous naissons dans un certain ordre dans notre famille, et cela implique également un certain rôle.

Si vous êtes le premier né, il est possible que l’on attende de vous certaines choses que l’on ne vous demandera pas si vous faites partie des enfants suivants.

Si vous êtes le dernier à naître, il est également possible que certaines attentes soient rattachées à ce rôle du « petit dernier ».

Nous sommes étudiants, nous sommes professeurs, nous sommes mères, pères…

Bref : nous avons beaucoup de rôles qui nous sont assignés au fur et à mesure que nous déroulons notre vie.

3. Continuité sociale interpersonnelle :

Ces gens que nous rencontrons quotidiennement, famille, amis, collègues.

Toutes ces personnes avec qui nous travaillons, avec qui nous interagissons.

Cette continuité est tellement régulière qu’elle nous aide à nous sentir « maître » du lendemain.

Combien de fois a-t-on dit : « Demain matin j’ai rendez-vous avec Untel et ensemble nous allons finir ce dossier compliqué ».

4. Continuité historique et personnelle :

Elle permet de répondre aux questions : Qui suis-je ? Que sais-je de la vie ?

Quelles sont mes valeurs ?

Comment je me sens : en bonne santé ? heureux ? déprimé ? optimiste ? pessimiste ?

Cette continuité est très prégnante mais elle permet de se (re) positionner sur le Soi et dans le Temps.

Ces quatre continuités ne le sont pas vraiment quant aux valeurs qu’elles représentent à un instant « T ». En effet, nous savons à certains moments de notre vie qu'il y a des changements, que nos rôles changent, évoluent.

Cependant, globalement, nous mettons tout en œuvre pour rendre ces continuités assez stables afin que nous puissions nous sentir stables.

Ces continuités sont également apparentes dans les familles et les communautés.

Prenons en exemple une famille :

La famille a une continuité cognitive : les règles, par exemple, qui dort dans quel lit, qui est assis autour de la table, qui prend les décisions. La continuité des rôles (plus évidente celle-là) : mère, père, enfants, etc. Ensuite la continuité sociale : amis d’enfance, voisins etc…Et bien évidemment, une continuité historique : l’image de la Famille, leur croyance, l’héritage culturel, leur engagement…

On trouve également ces continuités dans les Communautés : elles ont des règles, des routines, des normes : c'est la continuité cognitive. Que représentent donc les Maires, les policiers ? la continuité des rôles. La continuité sociale est assurée par les groupes qui composent cette communauté, les associations… Et la continuité historique, ce en quoi la communauté croit, sa morale, ses fêtes et cérémonies qui permettent de projeter son identité.

Mais…

Mais malheureusement, la crise, la catastrophe ont tendance à ébranler ou à briser ces continuités.

Et c’est à ce moment là qu’il faut se remémorer ces 4 continuités et s’en servir pour mettre en place sa « résilience »

Connaissiez-vous le concept des « quatre continuités » ?

Et maintenant que vous les avez en tête, comptez-vous vous en servir pour les futures crises ?

Mais au fait, nous sommes en pleine crise, non ?

Alors ?

Amitiés.

Gilles ARMAND

(A suivre…)
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